Daniel Cain, En attendant la guerre: les relations roumano-bulgares entre juillet 1914 et août 1916
Jusqu’à présent, l’historiographie roumaine a consacré une attention négligeable aux relations entre Bucarest et Sofia pendant la Grande Guerre. Ce manque d’intérêt ne doit pourtant pas être perçu comme une confirmation du rôle marginal que les relations bilatérales ont joué dans la dynamique des attitudes roumaines et bulgares durant ce conflit dévastateur. L’assassinat de Sarajevo surprend les deux gouvernements dans des hypostases diamétralement opposées. Les autorités roumaines jouissent pleinement du statut privilégié qu’elles ont acquis dans cette partie de l’Europe, à travers le Traité de paix de Bucarest (août 1913). Malgré un traité d’alliance avec l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne, le gouvernement de Bucarest réagit à l’intérêt que les diplomates de l’Entente manifestent à son égard. De l’autre côté, la Bulgarie a une position ingrate et milite pour la révision de ce traité de paix. C’est une mission difficile pour les autorités bulgares, parce que le pays est isolé sur la scène internationale et qu’il a de relations précaires avec ses voisins. Le déclenchement de la Grande Guerre pousse les deux pays à chercher des solutions pour maximiser les chances d’accomplissement de leurs propres projets nationaux. Au fur et à mesure qu’il devient évident que ce sera une guerre de longue durée, la valeur de ces États grandit dans les yeux des belligérants. Dans la période des négociations menées pendant leur neutralité, il est manifeste qu’en dépit des déclarations officielles, les options des deux gouvernements conduiront, inévitablement, à un nouveau conflit roumano-bulgare.