Daniel Cain, L’illusion de la suprématie dans la Péninsule Balkanique : le Royaume de Roumanie entre le Traité de Bucarest et Sarajevo (août 1913 - juin 1914)
La conclusion du Traité de paix à Bucarest (le 28 julliet / 10 août 1913) a suscité un vrai état d’euphorie rarement vue dans la société roumaine. On parle, avec légèreté, du nouveau statut reçu par le Royaume de Roumanie dans l’Europe du sud-est : de pouvoir régional, de gardien des Balkans et de protecteur, à côté des Grandes Puissances, de la paix sur le continent. Il y avait une discussion publique animée sur les conséquences de ce traité de paix sur la future conduite de la politique étrangère du gouvernement roumain. Le rêve d’une Grande Roumanie est souvent évoqué par les politiciens roumains et par les diplomates étrangers accrédités à Bucarest. Il y avait aussi des voix qui les ont prévenus des apparences trompeuses de ce traité de Bucarest sans une forte armée et sans une diplomatie en garde. Le changement du gouvernement en janvier 1914 n’a pas apporté une modification visible du nouveau cours de la politique étrangère du Royaume de Roumanie : les tentatives d’éviter de s’assumer un engagement régional et un état d’expectative pour spéculer les événements qui pourraient apporter des avantages faciles.