Tudor Teoteoi, Une singulière cérémonie (1658) dans le protocole princier de la Valachie
Engagé dans la lutte pour le pouvoir suprême à Byzance, le futur empereur Michel VIII Paléologue s’est adonné en 1258 à une manifestation d’excessive déférence envers le patriarche Arsène, en sortant à sa rencontre, puis en s’avançant à pied, tout en tenant les brides du mulet du patriarche. Il a accompli donc l’office d’écuyer du patriarche, cérémonial habituel pour les empereurs d’Occident envers le pape, mais que les Byzantins ont vivement combattu. D’où le caractère singulier du geste de Michel Paléologue en 1258, geste qu’aucun autre empereur byzantin, Michel Paléologue une fois devenu empereur y compris, ne l’a jamais répété. Après la chute de Byzance, le dit cérémonial occidental a pénétré toutefois dans le monde orthodoxe russe, monde qui a développé d’autres particularités dogmatiques et cultuelles par rapport à la tradition byzantine suivie dans le reste du monde orthodoxe dominé par la grécité postbyzantine, en dépit des accusations constantes de « latinophronie » que le monde orthodoxe russe portait à l’adresse de l’orthodoxie grecque aux XVIe et XVII siècles. En 1658, le nouvel voïévode de la Valachie, Mihnea III a consciemment imité ce cérémonial, sachant bien qu’aucun des voïévodes d’avant lui ne l’avait accompli, mais en le croyant issu de la plus pure orthodoxie, vu l’exemple russe qu’il invoquait. Mais après ce règne, le monde roumain a bien compris que ce cérémonial ne venait point de Byzance, mais de l’Occident. Par conséquent, ce monde ne l’a jamais mis en pratique après cette année. On doit donc considérer à juste raison ce cérémonial comme singulier dans l’histoire médiévale roumaine, de même que le geste de Michel Paléologue en 1258 a été le premier, ainsi que le dernier dans l’histoire byzantine.